Du nouveau pour l'année du Chien de Feu

J'avais écrit un article très fin, où j'expliquais combien je me méfie à présent autant des peines que des joies excessives, mais une manoeuvre hasardeuse l'a fait disparaître, typique de la fine ironie de l'existence. Des nouvelles très alléchantes, laissant entrevoir la sortie du tunnel, la fin du purgatoire, une renaissance, ont célébré cette nouvelle année comme un feu d'artifice. Mais comme les choses ne se sont pas encore concrétisées (dernière ligne droite, dès que c'est signé je vous raconte), je me garde de me laisser aller à la joie et d'en parler à la terre entière. Durant l'excellente émission Redes de la télé espagnole, ils disaient qu'une dose raisonnable de doutes est de loin l'attitude la plus productive. La joie, avec son cortège de décharges chimiques, se paye cher, surtout si l'on a signé des traites sur l'avenir, qui, invariablement, se révèlera bien distinct des espérances que l'on a pu construire dans les moments de joie. J'ai déjà assez tendance, en tant qu'invalide, à me construire un univers suffisamment douillet. Peut-être suis-je en train de remplacer la joie par la peur. Une petite trouille de poisson rouge, depuis son bocal. J'imagine que mon existence risque d'être passablement bouleversée si ces plans de Chien de Feu se réalisent, mais je ne sais pas si cette perspective m'enchante car je suis bien tranquille, à l'abri de la maladie, sur l'île du bout de l'Europe, ne me préoccupant que de mes proches, du jardin et de l'écriture.