Des nouvelles du temps
Chaque plongée me désole un peu plus. Les fonds marins de Formentera, où je plonge depuis 1980, me ravissaient, par la diversité, les couleurs des poissons, la transparence des eaux, les vastes prairies de posidonies ou les buissons d'oursins... Tout cela a disparu, c'est terrifiant. Il ne reste que quelques bouquets de posidonies, attaqués de toutes parts, blanchissant, au milieu des abominables algues rouges. Seule une raie pastenague résiste, je la vois d'année en année, évitant les plastiques flottants ou sur le sable. Mais elle n'a l'air bien... Le temps est poisseux, empoisonné. Un vent furieux a amené des tonnes d'une poussière collante, désagréable, probablement en provenance de la très polluée vallée du Rhône (le fleuve qui déverse le plus de saloperies en Méditerrannée, bien plus que le Nil!). Plusieurs plantes en sont mortes. A moins que ce ne soit un soleil toujours plus brutal... Je suis contente d'avoir résisté à mes désirs d'enfants, non seulement à cause de ma maladie, mais aussi parce que je crois que le monde que nous allons laisser derrière nous est salement empoisonné...