Ma copine Suzanne de Moorea
J'ai connu Suzanne sur l'île de Moorea, dans le Pacifique Sud. J'étais la seule blanche à traîner dans les forêts tropicales à la recherche de fruits exotiques, guayaba(goyave), mangue, carambole, corrosol, coeur-de-boeuf, etc. Les blancs achetaient tout au supermarché, terrorisés par la forêt et ses bruits étranges. Moi, j'avais vécu deux ans sur Basse-Terre, en Guadeloupe, à la lisière de la forêt. Les colibris venaient partager mon petit déjeuner de fruits tropicaux, bref, le Paradis. Alors je traînais dans les forêts polynésiennes, à la recherche de souvenirs et de saveurs disparues. J'étais toute toastée d'un été en Méditerranée, la couleur de peau des gens des îles, pas des touristes. J'avais un tatouage de lézard sur ma cheville, parce que le lézard est le fétiche de Formentera, mais aussi de Moorea, dans le Pacifique Sud. Je ne le savais pas. Lorsque les deux gamines, Suzanne et Maeva, 10 ans chacune, m'ont rencontrée dans la forêt cherchant des fruits, elles ont tout d'abord tenu à me donner un nom polynésien (Teraie Ata, qui signifie Nuage Lointain -quelle frime!-) avant de me montrer les fruits que je ne connaissais pas. Ce furent des jours magiques, où nous partageâmes la forêt, le lagon et le frigo. Je suis rentrée en Europe, puis je suis tombée gravement malade. Pendant 10 ans, je n'ai pas donné signe de vie, sans doute parce que j'avais peur de ne pas pouvoir revenir là-bas. Sans doute à présent je sais que j'y reviendrais, aussi j'ai repris contact avec les gamines. Seule Suzanne m'a répondu. Elle a une très belle écriture et m'a envoyé une jolie carte, montrant l'archipel polynésien au grand complet. J'ai cherché pour ma part une carte avec l'archipel des Baléares: impossible. Ce groupe d'îles n'est pas un archipel. Chaque île, pour petite qu'elle soit, a son histoire propre. J'ai donc dessiné l'archipel des Baléares comprennant l'archipel des Pituises. J'espère que nous nous reverrons...