Bomarzo II pour Duszka
Comme tes mots me sont doux, Duszka, et si je ne devais plus écrire que pour une seule personne, ce serait toi, car il n'y a rien de plus beau que d'écrire pour qui sait lire. Lire, c'est ré-écrire l'histoire. Sans lecteurs, il n'y a plus d'écrivains. L'auteur, les mots et le lecteur: c'est ce trio indissoluble qui est la littérature.
Nous voici donc au coeur du parc de Bomarzo, cette oeuvre unique au monde et saisissante, née d'un poème romain au coeur du 16ème siècle. Les propriétaires des lieux sont si engagés dans sa défense qu'on ne trouve pratiquement pas d'information touristique, même sur Internet. Des têtes en pierre volcanique, sculptées de poèmes de Virgile, scandent une ode à la beauté, un hymne à la sagesse, avertissant le visiteur: "toutes les pensées s'envolent". Les lieux sont conservés tels quels avec une extrême délicatesse, incluant les mousses qui cisèlent des ombres humides sur les visages marmoréens des statues de quatre mètres, telle la Force terrassant la Peur, une gorgone à la chevelure de serpent, ou, plus loin, au bord du torrent (auprès duquel nous avions dormi), ces créatures qui ont du inspirer Lewis Caroll, telle la Tortue de la connaissance ou les Sirènes Jumelles. Le parc est désert, et nous profitons d'une totale communion avec ce merveilleux délire de pierre, à l'ombre des grands seigneurs de la forêt. Les illusions se succèdent, on croit avoir consommé quelques champignons de trop, mais non, ce petit château est bel et bien de guingois mais ses chambres sont d'aplomb. Enfin, on arrive sur l'esplanade des feux d'artifice, où se déploient les "monstres" qui ont du effrayer bien des petits esprits et séduire ceux qui se laissent éblouir par cette magie de scupltures géantes, si bien lovée dans sa vallée tellurique et végétale. Le bassin de Neptune abrite toutes les créatures de la mer, plus loin Hannibal monté sur son éléphant terrasse les Romains (une vengeance historique, puisque l'endroit était auparavant le Bois Sacré des Etrusques, éternels victimes de Rome)...
Il en reste encore, chère Duszka. Ce sera pour demain... Des bises